L’étude de la biodiversité est une réalité complexe, qui étudie plusieurs niveaux : les gènes, les espèces, les habitats et les écosystèmes.
La biologie définit généralement l’état d’un milieu en fonction de la présence et de la santé des espèces animales ou végétales qui y vivent. Cependant, la science ne connaît qu’une partie de cette diversité biologique : plus d’1,7 million d’espèces ont été découvertes aujourd’hui, mais certains scientifiques estiment à plusieurs millions leur nombre total.
La valeur de la biodiversité, quant à elle, dépend non seulement de la définition retenue mais aussi de l’échelle (planète, massif ou paysage, propriété, parcelle) sur laquelle elle est mesurée, de l’horizon temporel et de la personne (physique ou morale) par rapport à qui les calculs sont réalisés, ce qui peut recouvrir des enjeux très divers .
Veut-on la protéger ou sa valeur est-elle une entrave à un projet immobilier particulièrement lucratif ?
En outre, on ne peut pas calculer la biodiversité et mettre sur la table un chiffre qui nous dirait combien il y a d’espèces ou d’individus dans un milieu. La biodiversité, c’est plus complexe que ça. On n’obtiendra donc jamais un chiffre exact, mais on peut arriver à ce qu’on appelle un indice. Un indice, c’est une valeur qu’on peut comparer avec des indices passés ou des indices d’autres milieux.
En effet, la biodiversité d’un lieu donné n’est pas statique. Chaque être vivant possède un cycle de vie qui lui est propre, et il faut savoir où on en est dans le cycle de vie de cet être vivant. Un insecte comme un papillon peut se trouver à l’état d’œuf, de chenille, de chrysalide ou d’imago, c’est-à-dire l’insecte qui vole dans le cas d’un papillon. Un oiseau ne se trouve pas toujours au même endroit selon la période de l’année. Il peut être en Afrique en hiver, s’arrêter un jour en Espagne lors de sa migration au printemps, défendre un territoire en chantant et se montrant un peu plus tard en Belgique puis devenir quasi invisible parce que c’est la couvaison ou qu’il est en train de muer. La présence d’une espèce en un lieu donné n’est donc pas mesurable tout le temps. Pour rajouter une couche de difficulté, la météo actuelle mais aussi celle des années passées, influence terriblement ces cycles en les décalant d’une année à l’autre Donc ce que vous avez mesuré en 2021 début avril pourrait être assez différent de ce que vous mesurerez vers la même date en 2022.
En conclusion, pour « mesurez » la biodiversité d’un lieu, il faut d’abord connaître les capacités de ce lieu, c’est-à-dire les espèces qu’on devrait y trouver au moment de la mesure. Cette capacité peut être soit connue parce que de nombreux inventaires ont déjà été réalisés à cet endroit, soit estimée en fonction du type d’habitats et par comparaison avec des lieux déjà inventoriés proches. Il faudra ensuite un nombre minimal d’échantillonnages et un peu de chance avec les conditions du moment de la mesure. On peut évidemment multiplier les mesures pour contourner les biais dus aux perturbations (météo, humaines…) et aux variations des cycles de vies mais plus on veut être précis, plus ça prendra du temps.
Définir un ou plusieurs indicateurs reflétant fidèlement l’état de la biodiversité paraît donc complexe et cette difficulté de définir précisément ce concept est parfois l’objet d’incompréhensions.
Les naturalistes de Natagora sont familiers avec cet état de fait, et le remarquent une fois de plus dans le cadre de l’étude de terrain du projet Smart Light HUB. Ainsi, dans le cadre de leur travail, leurs mesures sont soumises aux aléas de la météo (ce printemps 2021 est par exemple particulièrement froid et humide après un printemps 2020 exceptionnellement sec et chaud), à la mainmise plus ou moins importante de l’homme sur la nature en fonction des régions étudiées et des difficultés logistiques liées à la crise sanitaire et à la gestion du matériel.